Le premier cachet du reste de ma vie …
Mardi 27 Avril 2021.
Alors voilà maintenant 15 Jours, que j’ai pris mon premier cachet.
Le premier cachet du reste de ma vie…
J’ai su le Jeudi 8 Avril que j’étais enceinte. Officieusement par test urinaire matinal, où les deux barres se sont affichées à la vitesse de l’éclair. Officiellement par prise de Sang Beta HCG, l’après-midi même de ce jeudi. Un taux conséquent, qui confirmait ma grossesse de 5SA.
Tout c’est du coup très vite enchaînée. La décision était partagée avec mon conjoint, nous n’allions pas poursuivre l’aventure.. Nous ne sommes pas « prêts » même si je pense au fond de moi, l’être et ressentir l’envie d’être maman. Mais la réaction à l’affichage du résultat du test, confirmait bien l’inverse.
Le soir même, j’ai contacté l’hôpital pour les renseignements relatifs à la démarche d’IVG.
L’accueil téléphone n’a pas été très positif, chose qui dans l’état dans lequel nous sommes et vous pouvez l’imaginer, en quelques secondes nous remettons tout en question. Mais passons, la dame au bout du fil me transmet au service et là, une personne très agréable me donne les indications et m’informe que les consultations pré-ivg ne se font que du lundi au vendredi.
Nous avons pris la décision, de nous y rendre le lendemain. Vendredi 9 avril.
Vendredi 9 avril 07h45, arrivée à l’hôpital, avec mon conjoint.
Je dois avouer que cette situation, ou épreuve, nous fait prendre conscience que nous avons besoin d’être accompagnée. Un conjoint, un(e) ami(e)… j’ai eu la chance, de faire connaissance avec l’autre partie de ma moitié, la moitié qu’on ne voit pas forcément ou très peu. Celle qui m’a fait réaliser aujourd’hui que celui qui m’accompagne dans la vie de tous les jours est le bon…
Les consultations se font en urgence sans rendez-vous, nous sommes très bien accueillis. Et nous ne ressentons pas de jugement de la personne, qui effectue l’accueil.
Le passage en 1ère consultation, comme ils l’appellent, se fait rapidement… Et c’est à ce moment-là que commence « l’épreuve »… Les questions, la contraception utilisée, les pourquoi, la culpabilité de ne pas avoir fait attention (j’ai pris la décision en accord avec mon conjoint de ne plus prendre de contraception en raisons de toutes les mauvaises expériences que j’ai pu avoir.)… Puis l’échographie… la première. Celle où on cherche (soit disant), on date et pour mon cas, on explique à l’interne… Je ne vois rien et je n’entends rien. J’ai la main de mon homme qui tient la mienne. L’écho finie, on m’indique que c’est « tout petit », la datation est confirmée. On nous parle ensuite des méthodes, médicamenteuse ou chirurgicale, anesthésie, pas anesthésie… La journée à l’hôpital, parce qu’à la maison pour un premier IVG ça n’est pas conseillé à cause des complications, des douleurs…
Dans ma tête, rien n’était flou, bien au contraire. Je refuse toutes anesthésies. Ça sera la méthode médicamenteuse. Nous venons à poser la date, celle-ci sera une semaine plus tard, le 15 Avril. Le rendez-vous de 2ème consultation, se fera donc le 13 Avril. Les derniers papiers effectués (ordonnance des anti-douleurs, …) nous rentrons. Rassurés, un peu par le fait qu’aucun jugement n’a été perçu, nous n’avons pas été secoués ou percutés par la douleur des mots et de la situation.
Mardi 13 avril, retour à l’hôpital. Seule.
Pour le second rendez-vous, j’ai pris la décision d’être seule.. Je n’avais besoin de « personne » pour avaler ce qui allait permettre à « SA » de s’en aller. Oui, nous l’avons nommé « SA », pas d’attachement (une semaine que je ne touche plus mon ventre, mon homme non plus, une semaine, que je ne fais aucune allusion à l’envi de le garder) il était là, mais pas là. Il n’était pas voulu et ça, pour moi comme pour mon homme c’était inimaginable de laisser grandir S »A » dans un environnement où nous n’étions ni préparer, et où l’envie n’était RÉELLEMENT pas présente.
Le médecin qui m’accueille, petite dame, très gentille et rassurante, me fait rentrer dans un « box », nous reprenons le dossier ensemble. Puis elle m’indique, que le médecin de la semaine dernière a noté que la grossesse était bien présente, mais qu’il n’avait pas vu grand-chose, il serait donc préférable d’effectuer une seconde échographie pour être certain. Je suis sonnée, car on nous a indiqué que tout était bien OK, que la poche et tout ce qu’il en est avait été bien visible. Mais je m’exécute, passe au WC retirer le bas, le médecin me donne un linge pour mettre autour de la taille (chose qu’on ne m’avait même pas proposée au premier écho), je m’installe. Pour ne pas dire en deux secondes l’écho été réglée « je vous embête pas plus j’ai vu ce que je devais voir, vous pouvez, vous rhabillez ».
Une fois rhabillée, je l’a rejoint au bureau. Et voilà que la question qu’on ne m’avait pas encore posée arrive « vous êtes sûres de vouloir y mettre un terme ? » la réponse ne s’est pas fait attendre « oui, oui, j’en suis certaine ». Pas de gros débats. Elle me demande de remplir, le formulaire, de consentement à l’IVG, me demande de signer. Je signe donc officiellement le Mardi 13 Avril, l’arrêt de ma grossesse. Une fois le papier signé, elle me tend un cachet, un verre d’eau et me dit que c’est le moment, je peux prendre mon temps, je peux lui poser encore toutes les questions que je souhaite. J’avoue au fond de moi, je ne voulais qu’une chose, que cela s’arrête. Depuis 4 jours, ma vie était en stand-by. Je n’ai rien dit, à personne, sauf à mon conjoint (évidemment). L’IVG est tellement tabou, que je ne préfère rien dire, plutôt que d’être jugée dans LE CHOIX QUI EST LE MIEN.
Le cachet est pris, elle m’informe d’éventuel saignement qui peuvent apparaître. M’indique que je dois monter à l’étage pour effectuer mon admission de jeudi matin et que tout est ok, après les dernières formalités, je pourrais rentrer.
Le Jour-J arrive.
Jeudi 15 Avril, avec lui, à l’hôpital.
Malgré les indications concernant les mesures sanitaires Covid-19, on m’a au préalable informée, que j’avais le droit d’être accompagnée. C’est naturellement que mon homme est resté avec moi, les 2 premières heures.
À l’arrivée, à 7 h, on nous installe en chambre, double… Mais la sage-femme qui arrive me rassure et me dit que je serais seule, OUF !
Après quoi, les examens, tension, température, puis les explications… Le second cachet, celui qui pour moi mets le coup de grâce à tout ça… Cette adorable femme, souriante, joviale, rassurante, nous informe que :
il peut causer des effets secondaires tels que : vomissements, fourmillement dans les mains, irritabilité de la gorge, diarrhées, fatigue… j’en passe et des meilleurs.
Il entraîne des douleurs notables au niveau du bas-ventre : ne surtout pas laisser les maux s’installer, sonner dès les premiers signes de douleurs aux infirmières pour recevoir un cachet qui les atténuera, car elle m’explique que la douleur ne fait qu’augmenter, et qu’il est quasi impossible de les faire redescendre quand elle est au pic.
Elle me demande si je suis prête, si je me sens bien, si j’ai d’autres questions.. Je lui dis que non, que je voulais que ça aille vite, que je voulais rentrer rapidement chez moi. Elle rigole et me dit, que moins je serais allongée, plus je marcherai et je monterai et descendrai les escaliers plus j’aurais de chance d’accélérer le processus d’expulsion. Que si dans les 3 h, il ne se passe rien, elle me donnera un second cachet… Et voilà, je laisse fondre le premier cachet sous ma langue pendant 15minutes. Je commence légèrement à angoisser, mais je ne suis pas seule, il me parle, me rassure et me félicite.
Pas plus de 30 minutes après l’administration du premier cachet les douleurs arrivent aussi vite, que l’ombre derrière Lucky Luke ! Je fais la forte tête, mais je ne la fais pas longtemps, j’appelle l’infirmière qui arrive aussitôt, je lui indique que « sa contracte fort » elle revient avec 2 cachets pour m’apaiser… Ça fonctionne, mais… Le plus inconfortable arrive… Saignement, nausées, sueurs froides, diarrhées et vomissements. J’ai eu droit à tout dans les premières 45 minutes après l’administration du cachet.
On part marcher, ça va mieux, je suis fatiguée.. mais rien ne se passe, de légère contraction, de la gêne, du sang, tous les quarts d’heure aux toilettes, mais rien.
À 08 h 45, mon conjoint rentre.. D’un accord, je lui dis que je peux être seule, il me dit qu’il est là qu’il reste joignable et que je dois l’appeler à la moindre angoisse ou si je veux l’appeler pour rien, je peux ! Il est top, vraiment, il a été et il est mon pilier depuis le début de cette « aventure ». Nos liens se sont renforcés, on se redécouvre, on s’aime plus qu’avant. Mais surtout, on s’écoute plus aussi.
Je laisse le temps passer 10 h sonne, 3 h, 3 h que je suis là, qu’il ne se passe RIEN ! Je sens un coup de déprime arriver.. Mais pas le temps, l’infirmière revient me voir, me demande si ça va, si je n’ai rien vu… Je lui réponds que non, rien. Elle me dit que je vais voir le médecin qui me fera une écho pour voir l’avancer, si ça se trouve tout est déjà fini, mais je n’ai rien senti. 10 minutes plus tard, le médecin arrive, m’emmène en salle d’écho… et procède à la vérification, en effet, « SA » est toujours là. Bien descendu dans la poche, plus proche de la sortie que de l’entrée, mais pas assez proche pour qu’elle essaye de le retirer à la pince ! je lui demande si je peux voir, elle me demande si je suis sûre de moi, je lui réponds que oui, qu’elle ne doit pas s’en faire. Je veux voir à quoi cela ressemble… Elle tourne l’écran et naturellement, m’explique ce que je vois, une poche, une tâche blanche, le haut de l’utérus, le bas qu’elle appelle « la sortie ». Ok, j’ai vu, j’ai compris, mais tout va bien, je ne culpabilise pas, je ne veux toujours pas faire marche arrière !
Elle me dit que je dois retourner en chambre, que j’aurai rapidement un second cachet, m’assure que bientôt, c’est terminé, et me propose une séance d’osthéo étant donné que le jeudi l’école d’osthéo est de passage dans le service, elle m’informe que cela peut éventuellement aider à l’expulsion. J’accepte. Il est 10 h 45 quand je sors pour trouver ma chambre.
Retour en chambre, je cours au WC, mais rien. L’infirmière entre temps me crie qu’elle pose le second cachet sur la tablette, je le prends comme le premier, si ça ne va pas, je dois l’appeler. J’acquiesce et la remercie ! Et la tout-va très vite… Je laisse fondre le second cachet L’infirmière entre temps me crie qu’elle pose le second cachet sur la tablette, je le prends comme le premier, si ça ne va pas, je dois l’appeler., une petite dame toque à la porte, l’étudiante en osthéo, le moment devait être plaisant… Il l’a été, j’aurais voulu qu’elle laisse ses mains sur mon ventre encore des heures tellement elle m’apaisait (je lui ai fait la remarque, que depuis une semaine elle était la seule personne à avoir posé les mains sur mon ventre), elle me sourit et me dit de me détendre. Elle m’indique la fin de mon petit plaisir du jour, je la remercie, elle me souhaite « bon courage » et m’adresse un sourire qui n’est pas comme tout ce que j’ai pu croiser depuis ce matin…
Dans les 5 minutes qui ont suivi, une douleur que je n’avais encore pas sentie me parvient plus bas dans le ventre, je cours aux toilettes… Et je peux le dire, un soulagement. Un soupire de relâchement non contrôlé… Je baisse la tête, vu sur la cuvette, et je le vois… « SA » est au fond de la cuvette. Un sentiment de peine m’envahit j’ai envie de pleurer face à la scène que je viens de créer… Au final, comme quand on était petit, le poisson rouge est mort, dans la cuvette et on tire la chasse. Je n’ai pas osé tirer la chasse, j’ai appelé l’infirmière.. je lui ai dit que je crois que c’est bon. Elle est reparti chercher une layette, puis arrivée au WC me dit en rigolant « je crois qu’il est parti, mais qu’avez vous vu ? » je lui réponds naturellement « du sang, avec une sorte de petit haricot blanc à l’intérieur ». Elle acquiesce et me dit qu’elle appelle le médecin pour l’écho de vérification.. entre temps, j’écris à mon homme que je crois que c’est ok. Il peut revenir. 20 minutes après, je suis sur la table d’auscultation… Elle me demande si je veux toujours voir, je lui dis que « oui oui » et là, l’écran est noir, elle me confirme qu’il n’y a plus rien. Il ne reste que la poche qui me provoquera des saignements pendant environ une dizaine de jours encore… Mais ça y est. L’épreuve est terminée. J’ai eu recours à mon IVG. Le début d’une « nouvelle vie » commence.
On pourra dire ce que l’on veut, chaque femme le prend différemment. Mais je pense qu’intérieurement, on change, on ne voit plus les choses de la même manière. Ça serait mentir de dire que je n’y pense pas. Je me demande quand l’on oublie. Mais je crois que la réponse est que l’on n’oublie jamais vraiment.
Je n’ai pas de regret, j’ai (nous avons.) de la peine, nous avons pris cela comme un avertissement avec mon homme, comme une épreuve qui fera que soit cela nous renforcera soit cela nous détruira…
Je crois qu’on peut dire, aujourd’hui, qu’elle nous a renforcé.
Nous avons le projet d’enfant… Cela reste en ligne de mire mais pas pour tout de suite. On veut que cela soit voulu. On veut « pouvoir contrôler » la décision, se dire qu’on commence à y travailler. On ne veut pas que cela nous soit imposer.. Cela peut paraître absurde, mais il en est du choix de chacun. Nous étions d’accord dès le départ. Mais j’ai su que j’avais le bon à mes côtés quand il m’a dit « quoi que tu choisisses n’oublie jamais que c’est TON CORPS, c’est TON CHOIX.»
Le prochain rendez vous, le dernier est noté au 14 mai.
Il signera la fin de cette étape, avec une écho de contrôle. Et la vérification que mon moyen de contraception est bien en place. Car oui, quand le médecin a indiqué que l’ivg est positif, elle a procédé à la mise en place de l’implant, comme moyen de contraception, que j’avais choisis lors de mon 2e rendez-vous.
Il faut savoir, que ne sort pas de l’hôpital après un IVG sans justifier que nous avons bien été informé des moyens et des méthodes de contraception. Si la pilule est choisie, elle doit être prise le soir même de l’ivg. Pour l’implant, il est mis en place tout de suite après l’échographie de vérification d’expulsion.