Je n’ai pas envie d’avoir un enfant maintenant

« IVG. Un acronyme qui fait écho à la loi de Simone Veil, aux associations féministes, à l’émancipation de la femme au cours du XXe siècle. C’est le droit de la femme de disposer de son corps et de son avenir, c’est la création d’un choix légal, évitant des désastres médicaux.

J’ai toujours pensé que j’y aurais recours sans hésitations si jamais, au grand jamais, je tombais enceinte avant la fin de mes études, ou d’un homme qui, me convenant comme partenaire, pouvait ne pas être un père responsable. J’y pensais légèrement, après tout ce n’est rien du tout, un peu de sang ou une opération, cela est préférable à des études atrophiées et une vie de regrets.

Ce n’est que lorsque j’ai vu la mention « enceinte » sur le test de grossesse que j’ai réellement saisie la portée de ce que cela pouvait signifier.

J’ai toujours pris ma pilule correctement. Tout d’abord c’est de l’incompréhension. Puis on se dit que c’est une erreur, le stress peut il faire augmenter le taux hormones concerné ? Au deuxième test positif c’est la peur qui c’est infiltrée dans mes veines. L’horreur de ma décision que je n’avais pas à prendre car je l’avais prise depuis des années.

Le réflexe de soulever son t shirt pour regarder son ventre. Mais il est normal mon ventre, comme tous les jours. Puis tout qui s’explique, ce dégout de la nourriture, moi qui mange comme quatre. Le mal dans la poitrine, que j‘attribuais à mon soutien gorge devenu trop serré. Trop serré parce que, suite à Paque, j’avais mangée trop de chocolat, provoquant les mal de ventre qui me crispait le ventre depuis trois semaines.

Non ce n’est pas la faute du chocolat, des sous-vêtements… C’est un futur bébé qui à pris vie dans mon ventre.

Je suppose que c’est à ce moment là que la plupart des femmes prennent conscience de la vie qui les habites et s’émerveillent devant cette merveille de la nature, en se demandant si le petit être en gestation se porte bien, se sentant épanouie et accomplit en tant que femme. Tout ça, c’est ma meilleure amie qui me l’a dit. Elle accouche dans un mois, elle à le travail dont elle a toujours révée, un copain avec qui elle c’est pacsé il y a quelques mois et une maison avec une chambre toute prête pour le nouveau venue.

Et elle me dit, « ton tour viendra, tu verras, c’est merveilleux ».

Moi je finis mon master en histoire. Je vis dans un 20 m2, j’ai cassé mon lit en faisant la fête chez moi avec des amis alors je dors sur mon matelas par terre. Je n’ai pas de four, pas de machine à laver, toutes les semaines je prépare un petit baluchon de vêtements sales et je vais à la laverie. Dans mon placard il y a du café et du thé bon marché, des paquets de riz et de pates, des nouilles chinoises instantanées, une boite de petits pois. Dans mon mini frigo, une plaquette de beurre acheté chez Lidl. J’ai peur d’ouvrir ma boite au lettre et d’avoir des factures que je pourrais pas payer. Quand c’est vraiment plus possible j’arrête les cours et je vais bosser en interim. Ca me plait, de réussir à vivre de rien, et d’étudier tout mon saoul. J’aime cette vie de bohème, la stabilité m’a toujours effrayée. Mon copain ? Il est génial, il est passionné par le cinéma et la littérature, surtout par le romantisme allemand. Il bosse à mi temps. Ca fait un an qu’on est ensemble. Il fait la cuisine, vit dans un studio super sale il n’est pas très doué pour le ménage. Je l’aime c’est certain. .

Mais de la a faire un enfant avec lui. Il n’a aucune perspective d’avenir. Touche le RSA à 25 ans sans que cela semble le déranger. Se lève à 13 h tous les jours, et fatigué, grognon, dit des choses qu’il ne fait pas, peut avoir un comportement dépressif si il n’a pas assez dormi.Quand il a besoin de quelque chose, que ce soit administratif ou domestique, il appelle sa maman. Adorable en passant sa maman.

Tomber enceinte de lui m’a exposée un homme qui ne me plait pas vraiment finalement.

Là, la décision de pratiquer une IVG m’a parut moins lourde à porter. C’était le mieux pour moi, et pour l’embryon. Avoir un père absent ou déprimé, et une mère déçue et aigrie, n’ayant pas eu la possibilité de passer les concours qu’elle voulait. Ce n’est pas comme ça que je vois ma vie et celle de mes enfants.

Alors j’ai pris rdv au centre d’orthogénie. Le médecin à été très poli, très gentil, m’a proposée de prendre un autre rdv si je souhaitais réflechir, ou si j’étais prête à commencer l’IVG médicamenteuse. J’ai avalée les trois premières pilules sans broncher. 48 heures plus tard, au chaud dans mon lit, j’ai fais fondre contre mes joues les deux autres comprimés. Avec les anti douleurs je n’ai pas eu mal, j’ai saignée pendant deux semaines j’étais très fatiguée, tout cela est tombée pendant ma période d’examen (apparemment c’est souvent comme cela).

Oui, j’ai avorté, et je me sens bien. Je n’ai pas envie d’avoir un enfant maintenant, je ne suis pas un monstre, souvent quand j’y pense je suis triste, mais je n’ai aucun regrets.

Je ne sais pas si ce témoignage servira, moi quand j’ai paniquée et que j’ai recherchée des témoignages post IVG sur mon moteur de recherche, je suis tombée sur des histoires tellement horribles que je me suis rendue au centre d’orthogénie tremblante et en larme. Il ne faut pas assimiler son histoire à celle des autres. »

Louna