Ne laissez PERSONNE vous rabaisser ou vous faire douter de votre choix !
Bonjour,
Je viens de faire mon IVG par aspiration ce matin et je souhaite partager avec vous mon expérience et vous guider dans vos démarches si vous, comme moi, avez l’impression de vivre un vrai parcours de combattant et ne savez pas par où commencer et vers qui vous tourner !
Tout d’abord, je me présente. J’ai 25 ans et j’habite sur Paris. Je prends la pilule depuis que j’ai 16 ans (donc presque 10 ans de pilule). En couple depuis 2 ans et demi, il m’arrivait parfois d’oublier de prendre ma pilule 1 ou 2 jours que je compensait par la suite en prenant 2 comprimés à la fois (même si, je le sais, cela est très très déconseillé…) et je n’ai jamais eu de problème…
J’ai eu mes “règles” à la première semaine de juin 2011. J’avais donc arrêté la pilule pendant 7 jours et commencé une nouvelle plaquette par la suite, comme d’habitude. Sauf que, lors du 6ème jour de mes règles, j’ai eu un rapport non-protégé avec mon copain, pensant être encore “protégé’ par mes règles et ne pouvant donc pas être fécondé.
Environ 2 semaines après, j’ai commencé à avoir des nausées dans la nuit, juste avant de dormir. Pensant faire une mauvaise digestion, je prenais de l’Oxyboldine et ça allait mieux. J’ai aussi commencé à me sentir ballonné avec le ventre très gonflé. J’ai décidé de faire un teste de grossesse juste pour me rassurer que je n’étais pas enceinte…
Sauf que là, surprise! Je n’ai pas eu le message “Pas enceinte”, mais “Enceinte”, de 3 semaines ou plus! Sur le coup, on n’arrive pas à y croire. Un deuxième test a confirmé le résultat du premier.
En 5 secondes, on s’imagine toutes sortes de choses et on est momentanément envahi par un sentiment de bonheur: l”annoncer aux grands-parents, au futur papa, s’imaginer où on habitera, comment sera sa chambre, son prénom, à qui il ressemblera le plus…
Puis la réalité revient et on se rend compte très rapidement qu’on n’est pas du tout préparé pour cette situation. Tous deux jeunes diplômés en recherche d’emploi, nous habitions chacun chez nos parents et nos revenus étaient très limités. Nous nous étions tous les deux endettés pour faire une grande école afin de pouvoir offrir une meilleur vie et des meilleures opportunités à nos futurs enfants.
J’ai raconté le jour même à mon copain et nous nous sommes mis d’accord que nous ne pourrions pas garder cette grossesse.
Ensuite, le vrai parcours du combattant. Après avoir passé des heures à chercher sur internet des informations sur l’IVG, sur la procédure, les délais, des témoignages, je me sentais toujours aussi perdue et je ne savais pas par où commencer.
Après avoir fait un tour dans 2 hôpitaux en région parisienne et être gentiment mise à la porte sans aucune information supplémentaire, aucune aide, aucun soutien, je vais vous expliquer étape par étape ce qu’il faut faire!
Sachez, tout d’abord, que CHAQUE JOUR COMPTE! Donc prenez une décision assez rapidement afin de commencer toute la procédure car celle-ci peut être longue (jusqu’à 3 semaines… 3 semaines de doutes, de nausées, de s’imaginer le petit embryon qui grandit rapidement dans votre utérus, de culpabiliser, de fatigue mentale et physique…). Sachez cependant qu’il existe plusieurs cliniques/hôpitaux à Paris et en région parisienne qui le pratiquent, donc vous pouvez toujours essayer de contacter plusieurs et voir les dates qu’ils vous proposent.
C’est la durée de la grossesse qui définira quelle méthode vous allez utiliser: médicamenteuse (jusqu’à 5 semaines de grossesse) ou par aspiration (jusqu’à 12 semaines, en ambulatoire en clinique sous anesthésie générale).
1ère étape: Allez voir votre médecin généraliste ou votre gynéco, celui qui est disponible en premier. Essayez, si possible, de le voir le jour même, en expliquant que c’est urgent. Si aucun des deux n’est disponible tout de suite (le mien était en vacances), je suis allé voir celui de mon copain (également en vacances) mais qui avait laissé une remplaçante qui a accepté de me prendre sans rendez-vous avant sa pause déjeuner quand je lui ai expliqué la raison de ma visite..
2ème étape : direction un centre d’échographie, où normalement vous pouvez arriver sans problème sans rendez-vous. J’ai eu la chance de tomber sur une replaçante du médecin généraliste extrêmement gentille et qui avait déjà travaillé dans un centre d’IVG. Elle m’a prévenu que certains echographistes étaient contre l’IVG et qu’il fallait être forte et prendre sur soi ses éventuelles réflexions.
Petite parenthèse, ne laissez PERSONNE vous rabaisser, ou vous faire douter de votre choix! Ils ne connaissent pas votre vie ni votre situation et n’ont aucun droit de vous juger. Vous ne faites rien d’illégal. Nous avons la chance de vivre en France où sont réalisés près de 200 mil IVGs par an! Ils ont le droit d’avoir leurs opinions et être contre s’ils le souhaitent, mais en aucun cas, d’imposer leurs idéologies sur vous.
Bref, j’ai eu la chance de n’avoir eu aucune remarque désagréable.
L’attente pour l’échographie est interminable, c’est le moment où vous allez vraiment “rencontrer” votre embryon et c’est à ce moment là où tout se concrétise et que vous vous rendez compte que vous ne rêvez pas. Je vous conseille d’être accompagné si c’est possible pour cette étape là, cela peut être difficile pour certaines femmes.
Surprise au moment de l’échographie, le technicien m’annonce que je suis enceinte de 6 semaines et demie. Donc les “règles” que j’avais eu avant n’étaient pas des vraies règles mais un saignement, très commun en début de grossesse. Donc, ne vous fiez pas seulement de la date de vos règles pour vous rassurer que vous n’êtes pas enceinte! Si vous avez un doute, suite à un oublie de pilule, des nausées ou une fatigue inhabituelles, faites un test de grossesse!
L’option médicamenteuse était donc trop tard pour moi. Je me suis renseigné par la suite et j’ai trouvé ça tant mieux car parfois, en prenant le médicament qui fait décoller l’embryon du paroi de votre utérus, il y reste souvent des “résidus” qu’il faudra aspirer par la suite.. Donc autant faire l’aspiration directement, au moins vous être sûr d’être prise en charge par des spécialistes et accompagné tout au long de la procédure.
Après avoir vérifié que l’embryon était bien présent et bien implanté dans l’utérus, il a écouté les battements du coeur (le coeur se forme dès la 4ème semaine!)… C’était la partie la plus difficile, d’entendre un petit coeur qui bat déjà très fort (94/minute). J’aurais préféré de pas avoir entendu ça mais bon je n’avais pas le choix. J’ai vite essayé de penser à autre chose et ne pas rester bloquer sur ça.
3ème étape : Avec vos “sésames” en main, le certificat de confirmation et l’échographie de datation, vous pouvez maintenant vous diriger vers la clinique ou hôpital de votre choix (assurez vous sur leur site internet qu’ils pratiquent des IVG). Le choix est vraiment personnel, soit par indication d’une connaissance, soit par rapport à la proximité de votre domicile.. Je pense qu’il n’y a pas vraiment de bon ou mauvais choix, il faut aller au feeling. Entre le public et le privé, j’ai remarqué qu’on était souvent mieux accueilli dans le public et l’établissement était souvent plus moderne (ça rassure quand même quand on fait un procédure de ne pas se retrouver dans un bâtiment vieillot).
J’ai choisi le premier centre que j’ai trouvé sur internet, dans le 14ème arrondissement de Paris, l’Institut Mutualiste Montsouris, par la proximité de mon domicile et l’accueil très gentil qui m’a été réservé au téléphone. Ils m’ont proposé un premier rendez-vous 4 jours plus tard.
Le jour du rendez-vous, on se dirige vers le département Mère-enfant.. préparez vous donc à vous plein de femmes enceintes toutes contentes avec leurs conjoints.. Si vous restez forte et que vous êtes sûres de votre choix, cela ne devrait pas vous poser de problème. J’avoue que j’ai été un peu jalouse en les voyant toutes heureuses avec leurs ventres ronds mais je sais que mon tour viendra et qu’au bon moment, je pourrais retourner à l’Institut avec un grossesse désirée.
A l’accueil du département, on nous indique une petite salle d’attente à part, loin des autres femmes enceintes. Il y avait environ 5 ou 6 autres femmes qui attendaient leurs tours (des jeunes et des plus âgés aussi).
On voit d’abord la secrétaire du médecin qui établit le dossier avec votre échographie, le certificat, des documents que vous devez signer. Ensuite on passe dans la salle de consultation où le médecin explique rapidement comment ça se passe, il pose quelques questions sur notre santé et nous examine très rapidement (juste pour voir que vous ne perdez pas de sang).
Quand il valide tout, on repasse voir la secrétaire qui nous propose une date pour la procédure (j’ai eu beaucoup de chance, j’ai eu une date 1 semaine après seulement!). Elle nous donne aussi deux comprimés à prendre 3 heures avant la procédure afin de dilater le col de votre utérus (du Cytotec). Elle m’a aussi donné un rendez-vous le lendemain avec l’anesthésiste (rendez vous obligatoire au moins 48h avant la procédure).
Retour à l’Institut le lendemain, avec une petite fiche qu’on doit remplir à la maison pour indiquer si on a des allergies, des problèmes cardiaques, neurologiques, si on a déjà eu une anesthésie générale, etc. Il explique que la procédure dure 10 minutes environ, qu’il va vous endormir par intra-veineuse et que vous aurez un masque d’oxygène. Il vous envoi ensuite au laboratoire qui se situe au rez-de-chaussée pour une prise de sang afin de connaître votre groupe sanguin (pas besoin si vous avez déjà la carte de groupe sanguin). Tout ces rendez-vous et examens se passent au sein de l’Institut, qui est très grand, moderne et propre! Tout le monde a été très agréable du début à la fin, et tout se passe très rapidement.
4ème étape: le jour J! La veille je n’ai pas du tout dormi. Il fallait être à jeun dès minuit la veille. Je devais me lever à 5h du matin pour prendre le Cytotec, me laver de la tête aux pieds avec de la Bétadine Scrub et être à l’Institut à 7h30.
Petite parenthèse sur le Cytotec: dès que je l’ai pris, j’ai senti que ça n’allait pas très bien. J’avais très très froid d’un coup, je tremblais, j’avais une grosse douleur au bas ventre (comme des crampes de règles). 40 minutes après l’avoir pris, j’ai vomi et j’ai eu de la diarrhée (ça allait mieux après l’avoir vomi). J’ai essayé de me calmer et me préparer pour arriver rapidement à l’Institut. En arrivant, j’ai raconté à deux infirmières ce qui c’était passé et elles m’ont rassuré que c’était tout à fait normal d’avoir mal et de saigner (je n’ai pas saigné par contre) et que c’était même rare de ne pas vomir avec ce médicament!! Elles ont dit que 40 minutes était largement suffisant et le médicament avait déjà eu le temps d’agir (j’avais eu peur d’avoir vomi le médicament avant qu’il ne fasse effet et de ne pas avoir assez dilaté le col de l’utérus).
L’accueil se fait rapidement et on m’emmène dans une petite chambre privée avec télé et toilettes. Je me suis changé et j’ai attendu environ 20 minutes qu’on m’emmène au bloc. En attendant, plusieurs infirmiers passent dans la chambre pour prendre la tension, pour demander si on est bien à jeun, si on s’est lavé avec la Bétadine, et pour nous donner un petit médicament pour se détendre (Dafalgan + Profénid).
L’infirmier arrive et m’accompagne dans une petite salle d’attente vers 8h. Il m’emmène ensuite au bloc opératoire ou je m’installe et on me pose l’intra-veineuse et des petits auto-collants sur la poitrine pour contrôler les battements du coeur. Le médecin arrive, se présente et l’intervention peut commencer. L’infirmière injecte le produit et pose le masque d’oxygène et puis… dodo!
Bon je n’ai rien vu de l’intervention mais je m’étais renseigné avant sur comment ça se passait. Après être endormie, le médecin nettoie toute la partie génitale avant d’insérer un spéculum dans le vagin (comme chez le gynéco pour un frottis) et “sortir” le col de l’utérus. Il insère ensuite le fameux “aspirateur”. Moi dans ma tête j’imaginais vraiment un “mini” aspirateur électrique qui allait tout aspirer! En fait pas du tout. Ca ressemble plus à une grosse seringue, c’est le médecin lui même qui pompe manuellement afin de sortir tout ce qu’il y a dans l’utérus (placenta, fluide amniotique et l’embryon). Quand la seringue est remplie, il la vide dans un sac ou un bocal qui sera analysé par la suite (pour s’assurer que tout est bien parti), et il recommence le geste quelques fois jusqu’à ce que l’utérus commence à se contracter autour de la seringue, ce qui veut dire qu’il ne reste plus rien.
Je me réveille ensuite dans la salle de réveil. J’avais eu une mauvaise expérience avec l’anesthésie générale avant et j’avais peur d’avoir le même effet, mais je me sentais très bien! Pas du tout “defoncé”! Ils ont quand même attendu une quinzaine de minutes que je sois bien réveillé avant de m’emmener dans ma chambre. Il n’était que 9h! C’est-à-dire qu’avec toute l’attente avant et après, la procédure n’a duré vraiment que 10-15 minutes.
Dans la chambre, on m’a donné une petite collation et j’ai regardé la télé. Je n’avais pas du tout mal et je ne sentais pas les effets de l’anesthésie. L’infirmière enlève l’intra-veineuse une fois qu’on a fait pipi (pour s’assurer que nos réflexes sont bien revenus). Ensuite le médecin dans la chambre pour faire le bilan et donner quelques recommandations pour la suite (on saigne pendant quelques jours donc pas de tampons, pas de rapports sexuels, se reposer au moins 1-2 jours, et contacter leur service d’urgence en cas de gros saignement, de fortes douleurs). Il nous donne un petit enveloppe avec le bilan qu’il faudra présentes à notre gyneco 1 mois après pour une consultation post-opération. Il m’a surtout rassuré que cette intervention ne posera pas de problème si je décide de retomber enceinte un jour (c’était ma plus grosse peur).
Ensuite l’anesthésiste passe dans la chambre pour vous donner une ordonnance pour les jours qui suivent (Dafalgan et Profénid toujours).
J’ai été libéré ensuite, vers 11h30! Ca a été très rapide.
Je suis très satisfaite de l’Institut que j’ai choisi, du personnel, de leur infrastructure.
Je ne regrette pas du tout mon choix, je savais que c’était le meilleur choix à faire pour moi, mon copain et surtout pour cet enfant.
Petite précision, toute la procédure de l’IVG est prise en charge par la Sécurité Sociale, du début à la fin! J’ai juste payé le médecin généraliste et l’échographie.
Quelques conseils:
-Parlez-en mais à un nombre limité de personnes de confiance. Certaines personnes peuvent essayer de vous faire culpabiliser et essayer de vous faire changer d’avis. C’est important d’en parler mais à des personnes qui vous soutiendront et vous comprendront.
-Si possible, soyez accompagné pendant tous vos rendez-vous et pendant toutes les étapes. De préférence par votre conjoint, le “papa”. J’ai eu la chance d’être accompagné pendant mon copain à chaque seconde. Si ce n’est pas envisageable, un membre de votre famille ou une amie très proche.
-Agissez rapidement! Chaque jour compte! Essayez de voir le médecin généraliste et faire l’échographie dès que vous apprenez que vous êtes enceinte afin d’avoir rapidement rendez-vous dans un centre d’IVG.
-Ne lisez pas tous les débats anti-IVG. Je ne m’étais jamais imaginé une seule seconde faire une IVG un jour de ma vie, je me considère comme quelqu’un de très responsable et intelligente, mais malheureusement c’est arrivée. Je le vois comme une étape dans ma vie, comme une autre, et comme une gros apprentissage. Tant que ça n’arrive pas à vous, à votre corps, vous ne devez pas juger les autres et leurs décisions. Chacun a le droit à leurs propres croyances et opinions mais nous sommes en France et chacun est libre de prendre le choix qui le convient. Soyez sûr de vous et ne vous laissez pas décourager.
Je vais faire extrêmement attention à ma pilule et j’espère ne plus jamais faire une IVG dans ma vie et que ma prochaine grossesse sera désirée.
Je ne regrette pas du tout mon choix et j’espère que vous nous plus.
Désolée d’avoir écrit un roman, mais je voulais partager avec vous étape par étape parce que je me suis sentie vraiment perdue eu début!
J’espère vous avoir aidé un peu dans l’explication de démarches à suivre!
Bon courage et soyez fortes!